Beaucoup de musicien(ne)s et de groupes sont littéralement obsédés par le fait de trouver un manager ou une manageuse.
L'imaginaire autour du manager, agent, bookeur/euse y est pour beaucoup: disposer d'un(e) super commercial(e) qui va remuer ciel et terre pour faire connaître le groupe, l'artiste, lui trouver un deal en maison de disques, une tournée, un deal avec une marque, une première partie, des concerts, des fonds. Quelqu'un de corvéable à merci qui ne coûte rien tant que l'artiste n'a pas gagné d'argent, un(e) super employé(e) presque bénévole qui va travailler presque sans conditions.
Tout d'abord qu'est qu'un manager? C'est une personne qui va s'occuper de la direction stratégique et de la carrière d'un(e) artiste de façon à lui faire gagner de la valeur marchande. Ce dernier point est central, car le manager est exclusivement rémunéré au pourcentage. Le manager n'est donc pas un producteur, ni un(e) assistante(e) personnel(le), ni un/e psy.
Le manager va baser ses actions sur son expérience, son réseau, ses connaissances au niveau artistique, marketing, juridique et sur son intuition. Il/elle va coordonner vos équipes et les faire tendre vers un même objectif: le vôtre.
Donc la règle numéro 1 avant de solliciter un manager: savoir ce que l'on veut et ce que l'on ne veut pas. Avoir une idée définie de ses objectifs.
Dans la réalité, il est très difficile de trouver un manager, et ceci pour une série de raisons dont les suivantes:
1. Les managers sont très sélectifs
Le management d'artistes est un métier très risqué et très peu lucratif dans le court terme.
En effet, le manager va travailler des mois ou des années à faire émerger votre nom avec très peu de rémunération ou sans rémunération du tout. Les premiers concerts seront peu payés quand ils le sont, les partenariats seront très souvent des échanges de visibilité, et les deals en maison de disque (quand ça arrive) relativement modestes. Le manager va donc sélectionner les projets qui vont correspondre à son savoir faire, à son réseau. Ensuite un critère de sélection clé est la capacité de l'artiste à suivre des conseils, une direction, à les appliquer sur le long terme. Si vous avez un souci avec l'autorité, ou que vous vous prenez un peu "pour le centre du monde", avez du mal à suivre des conseils dont vous ne saisissez pas 100% des aboutissants (et pour cause), vous ne fonctionnerez pas avec un manager.
L'artiste doit également représenter un potentiel financier tangible, avec une possibilité claire de "scale up"pour le manager, qui je le rappelle dépend entièrement du chiffre d'affaires qu'il/elle va vous aider à générer pour payer ses factures, en théorie.
2. Les managers de qualité et expérimentés ne sont pas nombreux, et sont donc très sollicités.
Ils/elles libèrent “une place” une fois tous les 3 à 10 ans. Le reste ce sont des managers moyens, avec donc un réseau et des résultats moyens.
3.Les managers s'occupent de peu d'artistes à la fois
En effet, mener un(e) artiste à l'autonomie financière puis à la célébrité peut prendre de 3 à 10 ans.
Cela demande beaucoup d'engagement, énormément d'énergie de la part de l'artiste et du manager. Donc le manager doit être très affûté sur son choix d'artiste.
En résumé:
Si vous avez un âge qui commence à être avancé pour le music biz, si vous avez un public restreint, un style de musique niche, avec peu de ventes, peu de concerts et un très mauvais caractère, je vous conseillerais de vous passer d'un manager jusqu'à ce que vous ayez un chiffre d'affaires qui vous oblige à vous faire assister d'un manager.
- Cela prend du temps de développer ou redémarrer une carrière. La plupart des managers ont tendance à s'occuper d'artistes jeunes, déjà signés et de les accompagner pendant très longtemps au lieu de signer des artistes agé(e)s. Surtout si l'artiste veut être signé(e) en label.
- Si vous êtes un/une artiste mature, il faudra déjà avoir un succès passé, une fanbase, une histoire, une marque. Peu de managers de renom vont se lancer dans une aventure risquée en termes de réputation sans un gros potentiel derrière. Si vous avez plus de 25-30 ans (c'est jeune, mais pas pour le music biz, malheureusement où une carrière commence à 12-13 ans), il faudra donc vous adresser à un management spécialisé en redirection ou re-dynamisation de carrière ou à un label service. Ce qui implique...d'avoir une carrière.
- Les managers ont besoin d'appliquer une stratégie et donc d'artistes disciplinés, fiables, fidèles, rationnels ouvert(e)s aux initiatives.
- Les managers ne sont pas des investisseurs. Il est toujours bienvenu de disposer d'un budget que le management puisse utiliser pour le progrès de votre carrière (production de EP, attachée de presse, tour support, graphisme, photos, community management etc.). Plus vous êtes âgé(e), plus ce critère financier risque d'être déterminant, car vous aurez moins de chance d'être signé(e) en maison de disque.
- Un manager va regarder votre chiffre d'affaire actuel, votre chiffre d'affaires potentiel, votre réputation actuelle, votre réputation potentielle pour se faire un avis. Il doit pouvoir vivre grâce à votre collaboration, en faisant progresser votre business.
- Un manager n'est pas là pour vous obéir au doigt et à l'oeil surtout un(e) manageur(euse) expérimenté(e). Les managers ont du tempérament et ont pour habitude d'être écoutés. Le manageur(euse) est un(e) partenaire qui est là pour faire fructifier votre talent. Si ce que vous recherchez est un(e) employée pour s'occuper d'effectuer des tâches pour vous, vous assister sans vraiment être en mesure de lancer d'initiative car vous souhaitez tout contrôler, préparez un budget et embauchez un(e) assistant(e).
Quelques fois vous avez juste besoin d'un accompagnement de projet au lieu d'un manager, car vous avez déjà une communauté, un répertoire, des dates et vous souhaitez emprunter une nouvelle direction, fructifier le travail de votre ancienne maison de disque en indépendant, ou monter d'un cran en tant qu'indépendant(e). Pour rendre un accompagnement de projet fructueux il faut de préférence:
- Avoir des fonds à investir et être prêt(e) à les perdre dans le court terme et à les récupérer à moyen terme (en 2 à 3 ans), un peu comme un label.
- Etre prêt(e) à travailler énormément, avoir l'esprit d'entreprise, c'est à dire être prêt(e) à produire des contenus par centaines, ajuster son répertoire, son look, son site web, sa stratégie.
- Etre patient(e) et accepter de se tromper et/ou de ne pas tout savoir en se basant uniquement sur son “intuition” (l'erreur la plus courante et la plus coûteuse).
- Les artistes ont tendance à croire que ce qui les empêche d'avancer sont l'argent et le réseau, alors que très souvent tout est à reconsidérer pour un scale up.
- Nous pouvons peut être vous accompagner (spoiler: il faut un budget). Plus d'infos ici
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