L'HOMME ASSIS / OLIVIER COULBEAUX

Luc Delahaye, alias l’Homme-Assis, est martyrisé par deux inspecteurs, fonctionnaires zélés qui le torturent et s’évertuent à le faire avouer. Mais qu'a-t-il à avouer ? Ni lui, ni les deux brutes n'en ont la moindre idée, et cette incertitude guidera la trame du récit.

            Une relation de proximité pour le moins perverse, inconfortable et inhabituelle, faite d'attirance et de répulsion, de violences et d'accalmies soudaines, s'installera entre eux au fil du temps, donnant lieu à des dialogues enlevés, parfois drôles, souvent surréalistes.

            Pendant les quelques mois de sa détention, il sera amené à effectuer dans sa cellule un lourd travail d'introspection, qui le mènera sur les chemins encombrés de son passé, et cette quête ne le laissera pas indemne.

            Dans cette étrange prison, la Maison, dont la nature exacte ne sera jamais révélée, l'Homme-Assis rencontrera d'autres acteurs dont l’importance et l’influence se révèleront au cours de l'histoire. D'aucuns, comme lui, y sont détenus, d'autres y travaillent, pour le compte d'une Administration dont les desseins demeureront obscurs.

            L'espace d'une soirée et d'une nuit, l'Homme-Assis s'évadera de ce lieu de douleur, en compagnie d'une de ses codétenues, Hélène. L'escapade leur permettra de goûter encore une fois (une dernière fois ?) aux plaisirs de l'existence et à la saveur de la liberté.

            Puis s'instaure à nouveau pour chacun la routine des interrogatoires, entrecoupée, pour les plus amochés, de séjours à l'infirmerie, la routine des discussions entre les prisonniers lors des promenades dans le parc de la Maison, la routine des repas au réfectoire, la routine de la recherche de sa vérité.

            La routine … jusqu'à ce jour funeste où l'on découvre dans la serre du parc le corps sans vie d'Hélène, laquelle s'est suicidée par pendaison.

            C'est le branle-bas de combat dans la Maison, l'Administration est sens dessus dessous. Des mesures doivent être prises !

            L'ensemble du personnel et des résidents est convié au discours du représentant du Directeur : (...) Mais l'incident d'hier est d'une nature différente. Il révèle une faille grave dans notre dispositif de sécurité. Les conséquences imprévues de notre activité, ce que l'on qualifie abusivement à l'extérieur de "bavures", je le répète, nous les assumons, mais nous ne nous cacherons pas derrière notre petit doigt pour masquer nos incompétences. S'il est inadmissible que quelqu'un projette de s'abaisser au suicide pour s'alléger du poids de ses actes, il l'est moins encore qu'il parvienne à ses fins. Cela révèle un indéniable manque de discernement de la part de nos équipes (...)

            Puis viendront les obsèques d'Hélène, au cours desquelles l'Homme-Assis sera contraint de prononcer son éloge funèbre.

            La vie reprendra son cours au sein de la communauté, jusqu'au procès de l'Homme-Assis.

            Nous y assisterons et apprécierons la pertinence des arguments qui y seront développés par les divers intervenants. A l'issue de la séance, le jugement sera prononcé par le Directeur et l'Homme-Assis invité à quitter la Maison dès le lendemain. Il obtempérera, sans enthousiasme manifeste.

            Le narrateur de cette histoire, quant à lui, nous livrera ses états d'âme dans une postface troublante. Lui non plus n'en sortira pas indemne …