About Me
Née en Picardie de parents précocement séparés, modestes aussi, mais pas moins hautement réfléchis ; bientôt écolière et collégienne dans le genre de petite ville où l'on naît, grandit, se marie et reste simplement ; les aspirations aux départs, à l'inconnu, au voyage m'étaient tout sauf tracées... mais voilà, la vie vous fait, vous défait, pour le meilleur, le pire parfois, l'inattendu bien plus souvent qu'à son tour, et c'est à l'aube de mes quinze ans que, déjà, le patinage artistique me fait déserter le domicile maternel et m'ouvre des horizons qui, sur le papier de mes origines, semblaient m'être plutôt fermés ou du moins passablement improbables.
Cette passion dévorante pour la glace me prit à l'âge de sept ans tandis que mon père, qui avait déjà quitté la maison mais assurait jusqu'alors notre garde à ma sœur et moi les mercredis, s'éloignait encore. Conflits et lourdes situations malsaines ne cesseraient d'enfler durant toute mon adolescence jusqu'à explosion : je ne suis pas prête encore à détailler davantage ce point que je saupoudre à l’heure de cet écrit mais il était important pour moi de le replacer dans un contexte de vie.
Ce sont en tout cas mes "tantines" comme tant se plaisent à les appeler - mes grand-tantes maternelles plus pragmatiquement - qui prirent le relais de cette journée de semaine sans école. Ma courageuse maman seule ne pouvait en effet s'offrir le luxe de la chômer, elle travaillait d'arrache-pied pour nous permettre le meilleur et sans cela rien de ce qui suivra n’aurait pu se passer.
Les « tantines » nous accueillaient donc à soixante kilomètres de chez nous, en Champagne-Ardenne, partageant chaque semaine avec ma mère le trajet en deux mi-chemin. Elles s'attelèrent aussitôt à nous offrir à chacune une activité : la danse pourquoi pas ont-elles pensé en ferventes adeptes de la petite association du quartier Croix Rouge de Reims... Perdu! les places étaient comptées et déjà occupées et c'est ainsi que pour mon plus grand bonheur, au plus grand dam de ma petite sœur, nous nous retrouvâmes patins aux pieds. Je ne les quittais plus pendant près de dix-sept années tandis que Laurine et son caractère bien trempé ne finirent point leur séance d'essai!
Huit ans d'entraînement plutôt lacunaire - distance oblige - plus tard, mon lycée et surtout le soutien maternel inconditionnel m’accordaient trois années d'internat en section sport-études. Alors que je me sentais déjà bien à l'étroit dans mon collège soissonnais l'année scolaire précédente, voilà que je patinais, mais aussi rencontrais, me confrontais, approfondissais, rompais et entamais un cheminement vers la paix qui devait s'étaler sur quinze ans.
Travailleuse acharnée, comme toutes les femmes largement majoritaires de ma famille, mon parcours scolaire puis universitaire se fit, avec, sans prétention aucune, quelques succès plutôt notables m'octroyant la rare et inespérée place de major de promotion, bourse au mérite à la clé complétant celle sur critères sociaux. Ajoutée à l'hébergement de mes tantines durant trois années laborieuses de licence, et au fruit de mes étés de travail partagés entre colos jurassiennes et usine de compteurs à gaz - où travaillaient mon oncle et celle qui fut bientôt sa femme - , seule cette rallonge financière pouvait m'autoriser la suite...
Mon esprit d'aventure en gestation se nourrissait alors tantôt des récits d'un premier grand amour haut adepte du fait, des plus belles et plus diverses rencontres babs' de longs mois de juillet d'animation... C’est à l’âge de dix-neuf ans qu’un voyage au Maroc, alors opportunité improbable, sur les traces du second mari de ma défunte grand-mère (que je n'eus pas le bonheur de connaître, et qui laissait, derrière son décès brutal et précoce de lourds traumatismes familiaux) parachève inévitablement mes aspirations à l’ailleurs. L'idée d'une année de master à l'étranger grandissait dans ma petite tête mais s'avérait incompatible avec ma conviction profonde que l'enseignement primaire serait ma vocation (les équivalences reconnues dans d'autres pays n'étant pas légion).
Montpellier, sa dite "école supérieure de professorat des écoles", et ses trente-cinq pays partenaires creusèrent pourtant une brèche dans l'impasse : un matin de janvier 2012 s'imposa ainsi comme le premier du reste de ma vie dans un bidonville marrakchi où je devais enseigner un mois et où, profondément forgée et transformée par l'expérience, je revins l'été suivant. Dans ce même contexte de stage pratique, le Cambodge, m'ouvrirait bientôt les fascinantes portes de l'Asie.
Piquée par le virus du voyage, de l'apprentissage surtout, de l'école de la vie plus largement, je réalisai en 2013, master et concours en poche avant l’âge de vingt-trois ans et "promise à un avenir tout tracé [...] que mon chemin n'était pas là, que la vraie vie était ailleurs" ou plutôt autrement. Je pris une année sabbatique partagée entre travail et voyage, puis mon poste d’enseignante, que j’exerce toujours avec passion, profitant dès que possible des vacances pour poursuivre de manière plus perlée la découverte de notre merveilleuse Terre.
Longtemps partie par fuite, de mes démons, du rythme effréné de notre occidentalité ; en quête d'altérité, de sens, de temps et d'espace ; chercher des réponses, des peurs puis les affronter... je pars aujourd'hui sans raison, purement et simplement parce que cela fait partie intégrante de ma vie.
En 2020, à trente ans, au temps du Covid-19, c'est apaisée que j'entreprends pour sept mois - forte d'une modalité de travail à mi-temps annualisé -, seule, comme j'ai toujours voyagé, un "mini" tour de notre monde du Grand Nord au Grand Sud... Il trouvera sa suite en 2022, pour une année cette fois, dans la visée de boucler la boucle par l'ouest...
Mais chaque chose en son temps, les prochaines lignes vous donnent rendez-vous en juillet 2020... Bonne lecture !