Un trouble de la personnalité borderline et une perversion narcissique peuvent-ils cohabiter en une seule et même personne ? À première vue, ces deux profils semblent opposés : d’un côté, une instabilité émotionnelle extrême, une peur viscérale de l’abandon, des relations chaotiques ; de l’autre, une froideur calculatrice, un mépris total pour autrui et une absence d’émotion authentique. Pourtant, il arrive que certaines personnes présentent des traits des deux, créant une combinaison explosive et destructrice.
Le borderline est en quête d’amour et de reconnaissance, il oscille entre idéalisation et rejet, entre passion et colère. Il se sent vide, incompris, toujours au bord du gouffre. Il veut être sauvé, mais repousse ceux qui tentent de l’aider. Le pervers narcissique, lui, ne cherche pas d’amour, mais du contrôle. Il ne ressent pas l’abandon comme une souffrance, mais comme une humiliation à effacer. Il manipule sans remords, alors que le borderline, lui, est traversé par des émotions trop intenses, incontrôlables.
À lire aussi : Les enfants peuvent-ils être pervers narcissiques ?
Alors, comment une personne pourrait-elle être les deux à la fois ? Certains individus manifestent une facette borderline dans leur vie intime, avec des réactions impulsives, un besoin constant de validation, des crises émotionnelles. Mais lorsqu’ils veulent dominer ou manipuler, ils basculent dans la perversion narcissique : froideur, manipulation, dévalorisation de l’autre. Cela crée un paradoxe où ils peuvent sembler vulnérables un instant, puis implacables l’instant d’après.
Un des éléments révélateurs est l’évolution de la relation avec les autres. Une personne borderline, malgré ses colères et ses comportements destructeurs, cherche inconsciemment à réparer, à retrouver un équilibre. Un pervers narcissique ne répare rien, il détruit pour exister. Si un individu oscille entre ces deux dynamiques, il est probable qu’il utilise ses souffrances pour manipuler, jouant la carte de la victime lorsqu’il sent le vent tourner, et redevenant dominateur lorsque l’occasion se présente.
Le mélange des deux profils est souvent encore plus toxique que l’un ou l’autre pris isolément. Car là où le pervers narcissique sait qu’il manipule, où le borderline sait qu’il souffre, celui qui combine les deux jongle entre ces états, rendant toute tentative de compréhension ou d’aide impossible. Il peut se montrer sincère dans sa douleur, puis cynique et cruel dans l’instant qui suit. Cette alternance est ce qui rend sa dangerosité difficile à cerner.
Votre partenaire est-il un pervers narcissique ? Faites le test maintenant !
Si l’on se retrouve face à une telle personnalité, il faut être particulièrement vigilant/e. L’erreur serait de penser qu’il suffit d’aider, de réconforter, de donner encore plus d’amour. Car lorsque la manipulation se cache derrière des émotions instables, on risque de s’enfoncer dans une spirale où tout devient imprévisible. Il n’y a pas de stabilité possible, seulement un jeu d’ombres où l’autre est tantôt l’objet de l’adoration, tantôt celui de la destruction.
"Il/elle pleurait la veille, implorant qu’on ne l’abandonne pas, promettant qu’il/elle allait changer. Le lendemain, il/elle lançait des phrases cinglantes, minimisant la souffrance qu’il/elle venait de provoquer. La culpabilité ne durait jamais, seulement le besoin de reprendre le dessus, de ne pas être celui ou celle qui souffre le plus."
"L’instabilité émotionnelle ne devrait pas être confondue avec une forme de sincérité. Il/elle pouvait exprimer une détresse authentique, mais la minute suivante, cette détresse servait d’arme, retournée contre ceux qui tentaient d’apaiser la situation. La contradiction devenait une constante, un piège dans lequel chacun finissait par se perdre."
"Lorsqu’il/elle sentait que la relation lui échappait, il/elle redevenait cette personne fragile, perdue, vulnérable. Il/elle ne manipulait pas avec préméditation comme un pervers narcissique classique, mais utilisait son instabilité comme un moyen d’accrocher l’autre, de le garder sous emprise. La souffrance devenait une forme de contrôle, une façon détournée d’obtenir ce qu’il/elle voulait."
"Un jour, il/elle hurlait son amour, le lendemain, il/elle le piétinait. Tout était intense, démesuré, mais jamais stable. Ceux qui l’entouraient passaient d’un rôle à l’autre : sauveur, bourreau, indifférent. Chaque émotion servait un but, chaque larme, chaque cri pouvait être retourné contre celui ou celle qui pensait encore pouvoir aider."
Extrait de l’Encyclopédie de la Perversion Narcissique par Dr. Alain de Verneuil et Pr. Isabelle de Rochefort
Ces extraits illustrent bien la complexité de cette double facette. Il ne s’agit pas d’un simple trouble de la personnalité borderline ni d’un cas classique de perversion narcissique, mais d’une hybridation où l’émotion devient une arme et la manipulation un moyen de survie. Ce type d’individu ne se contente pas de souffrir ni de manipuler, il utilise l’un pour renforcer l’autre, rendant tout repère flou.
Vous voulez déjouer les tactiques de manipulation ? Obtenez le livre maintenant !
À retenir :
- Un borderline est dominé par ses émotions, un pervers narcissique par son besoin de contrôle.
- Certains individus combinent ces deux traits, alternant entre vulnérabilité et froideur.
- L’instabilité émotionnelle peut être sincère, mais aussi utilisée pour manipuler.
- Ce type de personne oscille entre la peur de l’abandon et la destruction de l’autre.
- Ils créent des dynamiques relationnelles toxiques où rien n’est jamais stable.
- Leur souffrance devient un levier de domination, empêchant l’autre de prendre de la distance.
- Ils peuvent apparaître sincères un instant, puis implacables l’instant suivant.
- Tenter de les "sauver" ne fait qu’alimenter leur spirale destructrice.
- Il est difficile de poser des limites, car chaque émotion peut être utilisée contre soi.
- Reconnaître cette dynamique est essentiel pour s’en protéger efficacement.
Si vous croisez ce type de personnalité, la clé est de ne pas entrer dans le jeu. Il ne faut pas chercher à les comprendre en espérant une stabilité qui ne viendra jamais. La seule vraie solution est d’apprendre à identifier ces alternances toxiques et à s’en détacher, car tant que l’on joue un rôle dans leur scénario, on en subit les conséquences. Rien ne les apaise durablement, et le seul moyen de se protéger est de refuser d’entrer dans leur spirale.
Sources :
- PN à Nu par Pascal Pénault et l’Encyclopédie de la Perversion Narcissique par Dr. Alain de Verneuil et Pr. Isabelle de Rochefort, qui approfondissent les mécanismes de la perversion narcissique.
Commentaires ()