Un être sensible peut-il être un monstre ? Voilà une question qui mérite qu'on s'y attarde, qu'on prenne note et qu'on ose voir au-delà des apparences. Il est facile de confondre la sensibilité avec l'émotion, l'amour avec la mise en scène, la bienveillance avec l'intérêt stratégique. Un pervers narcissique peut sembler touché/e par une cause, montrer un attachement sincère aux animaux, s'investir auprès des personnes vulnérables, verser une larme devant une photo. Mais que se cache-t-il derrière ce masque ?

Les émotions d’un/e pervers/e narcissique sont souvent mimétiques, adaptées aux circonstances et calibrées pour donner une impression d’humanité. Il ne faut pas confondre l’émotion et l’empathie véritable. Aimer les animaux peut être une démonstration sociale, une preuve de « normalité », un élément de mise en scène pour renvoyer une image positive. Travailler avec des personnes âgées peut flatter un besoin de contrôle, offrir un espace où la manipulation est facile et où l’image de soi est renforcée par le sentiment d’être indispensable.

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Observez bien : pleurer devant une photo ne signifie pas forcément être touché/e. C’est la nature de cette émotion qui fait toute la différence. Ressent-elle un écho sincère ou est-elle seulement un instrument de communication ? Un/e pervers/e narcissique peut se montrer ému/e pour mieux séduire, attirer la sympathie, s'assurer d’un effet. Sa « sensibilité » est souvent utilitaire, tournée vers un but. Ce qui semble tendre n’est souvent qu’un outil, un vernis.

Les pervers narcissiques excellent dans l'art du camouflage émotionnel. Ils savent capter l’émotion des autres, la reproduire et la jouer à la perfection. Un animal peut devenir un prétexte pour attirer l'attention, attendrir, manipuler une victime qui aime la bienveillance. Leur proximité avec des personnes vulnérables n’est pas le signe d’une profonde humanité, mais d’une stratégie : elles sont plus faciles à contrôler, admiratives, prêtes à les valoriser sans poser de questions.

Il existe pourtant une faille, un détail qui ne trompe pas : l’absence d’engagement émotionnel sincère.

Un/e pervers/e narcissique peut pleurer devant une photo, puis, l’instant d’après, passer à une froide indifférence. Il/elle peut caresser un animal avec tendresse et le délaisser dès qu’il n’est plus utile. Il/elle peut s’occuper avec dévouement apparent d’une personne âgée, mais disparaître lorsqu’il n’y a plus de spectateur/rice. La sensibilité affichée n’est jamais gratuite, elle répond à un intérêt sous-jacent.

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L’illusion est parfaite tant qu’on ne regarde pas sous la surface. Mais en y prêtant attention, en analysant la cohérence de leurs comportements, on découvre que cette sensibilité n’est qu’un rôle, un costume taillé sur mesure pour leurrer, séduire et dominer. La vraie question n’est donc pas de savoir s’ils peuvent être sensibles, mais plutôt de comprendre pourquoi et comment ils affichent cette sensibilité.

"Il pleurait en regardant des photos d’animaux abandonnés, la voix tremblante d’émotion. Pourtant, quelques heures plus tard, il riait en racontant comment il avait piégé une amie en lui faisant croire à une histoire dramatique qui n’existait pas. La tristesse affichée ne débordait jamais sur le réel. Elle existait uniquement dans les moments où il savait être observé."

"Dans l’EHPAD où il travaillait, il était perçu comme un être d’une grande douceur. Toujours souriant, toujours prévenant, il savait s’attirer la sympathie de ses collègues. Mais dans l’intimité, il se plaignait du ‘fardeau’ de s’occuper de ces ‘vieux qui radotent’. Sa patience n’était qu’un décor de scène, son attention un investissement pour paraître indispensable. Une fois le rideau tombé, le mépris reprenait sa place."

"Elle avait un chien qu’elle semblait adorer. Elle le photographiait sous tous les angles, partageait sur les réseaux des messages d’amour pour lui. Mais quand il aboyait trop ou faisait une bêtise, sa colère explosait. Une violence froide, une irritation qui la révélait. Le chien n’était qu’un outil, un prolongement d’elle-même destiné à lui renvoyer une image d’elle parfaite. Son amour avait des conditions."

"Il pouvait être ému devant une scène de film, lâcher une larme, parler de justice et de valeurs avec une intensité bouleversante. Mais quand quelqu’un souffrait à côté de lui, quand une amie lui confiait une douleur réelle, son regard se vidait. Il écoutait, hochait la tête, puis changeait rapidement de sujet. L’émotion n’existait que dans le contrôle, jamais dans l’imprévu."

Extrait de l’Encyclopédie de la Perversion Narcissique  par Dr. Alain de Verneuil et Pr. Isabelle de Rochefort

Ces extraits révèlent une constante : la sensibilité apparente du/de la pervers/e narcissique n’a pas de racines profondes. Ce sont des instants déconnectés, des moments soigneusement choisis pour servir un but. On observe une dissociation entre les émotions exprimées et les comportements réels.

L’attachement affiché aux animaux, aux personnes âgées, aux images touchantes n’est qu’une façade, une mise en scène qui s’efface dès qu’elle n’est plus utile. Il ne faut pas se fier à la sensibilité visible, mais chercher la cohérence émotionnelle derrière. C’est là que se trouve la vérité.

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À Retenir :

• Un/e pervers/e narcissique peut sembler sensible, mais cette sensibilité est souvent une mise en scène.
• Il/elle peut aimer les animaux, travailler avec des personnes vulnérables, s’émouvoir devant des images, mais cela sert un but.
• L’émotion affichée ne s’accompagne pas d’un engagement profond, elle est conditionnée par un intérêt.
• L’indifférence peut surgir brutalement après un moment de sensibilité, révélant une absence d’émotion sincère.
• Ce qui semble être une attention bienveillante peut cacher une stratégie de contrôle et de valorisation personnelle.
• L’important n’est pas ce qu’il/elle montre, mais la cohérence entre ses émotions et ses actes au fil du temps.

Alors, comment se protéger de ce genre d’illusion ? La clé est de ne pas se laisser hypnotiser par l’image qu’ils/elles renvoient. Regardez les faits, les incohérences, les variations brusques d’attitude. Apprenez à observer avec détachement, à ne pas donner du crédit aux belles paroles sans preuves concrètes. Et surtout, ne laissez pas leur pseudo-sensibilité troubler votre jugement : la vraie émotion se construit dans la constance, pas dans le spectacle. Vous avez le pouvoir de voir au-delà du masque et de ne plus vous laisser duper.

Sources :

• PN à Nu  par Pascal Pénault et l’Encyclopédie de la Perversion Narcissique  par Dr. Alain de Verneuil et Pr. Isabelle de Rochefort, qui approfondissent les mécanismes de la perversion narcissique.